Soutenons les petits commerces du 13e: une interview de Rym Karaoun Gouezou

On a besoin de s'entre-aider, on a besoin de fraternité

Lire ci-dessous l'interview de Rym Karaoun-Gouezou, adjointe communiste au Maire du 13e, en charge du commerce et de l'artisanat

 

 Après le premier confinement du printemps quelle est la situation des commerçants du 13e aujourd'hui?

Je souhaiterais dire d'abord que le plus difficile à supporter, c'est un sentiment d'impuissance. Je suis en colère  aussi devant les solutions minables que ce gouvernement nous apporte, en colère contre cette société qui crée de l'injustice dans tous les domaines, depuis des mois et des mois.

Pendant la première vague, beaucoup de commerçants ont mis des choses en place et les réutilisent aujourd'hui, site internet, click and collect, drive, livraisons, ... Mais les commerçants qui ne sont pas connectés sont encore plus démunis que la première fois. Il faut savoir que beaucoup de commerçants ne sont pas à l'aise avec l'écriture, l'informatique et que ce sont souvent leurs enfants qui s'occupent de tout ce qui est administratif. Et pour beaucoup de petits commerces, internet n'a pas de sens. Par exemple, vendre des fleurs sur internet, cela n'a aucun intérêt.

Que peut-on mettre en place au niveau de la Mairie du 13e et de la Ville de Paris pour aider les petits commerces?

Il faut d'abord que tous connaissent leurs droits, puissent bénéficier des aides qui sont mises en place et des informations qui les concernent. Je suis en train de faire éditer un flyer à l'attention de tous les commerçants du 13e avec tous les liens nécessaires pour s'inscrire à la Mairie du 13e en tant que professionnels. Il existe aujourd'hui une lettre info de la municipalité à destination des habitants du 13e, "Le TREIZE". Il faut créer l'équivalent pour les commerçants. c'est ce que nous allons faire. Sur le site de la Mairie de Paris, une carte virtuelle donne la liste par quartier des commerçants ouverts ou qui ont mis en place un click and collect, ou de la livraison. C'est important aussi de relayer les informations de nos quartiers sur les réseaux sociaux, et par le bouche à oreille!

Toi qui connais bien la filière horticole, comment va-t-elle survivre avec la fermeture des fleuristes et pépiniéristes?

La décision du gouvernement d'empêcher les supermarchés de vendre les produits non essentiels n'est pas du tout une bonne idée. Le gouvernement a voulu répondre à la colère des petits commerces, mais ce faisant il bloque les filières de production. Pour la filière des végétaux, c'est encore plus grave puisque ce sont des produits périssables. Et pour le non périssable, c'est Amazon qui va récupérer le marché...

Ma grande inquiétude c'est la fleur française. Il y a de moins en moins de producteurs français en fleurs. Beaucoup n'ont pas ré-ouvert suite au premier confinement. Si la situation s'éternise, et bien à la fête des Mères par exemple, on n'aura plus de pivoines françaises. Ce qui n'est pas coupé, planté ou cueilli en ce moment va occasionner des pertes qui ne ne permettront pas de replanter les variétés pour le printemps. La fleur française, ce n'est pas la fleur des Pays Bas qui inonde le marché mondial. Quant aux roses du Kenya, leur culture assèche les sols et empêche les cultures vivrières utiles à cette région d'Afrique!

En France, il y a des variétés de fleurs qui sont cultivées de générations en générations, avec par exemple des roses odorantes qui rappellent les jardins de nos grands-mères... C'est toute cette filière horticole française qui est en jeu.

Pierre Laurent, sénateur communiste de Paris, a écrit une lettre au Premier ministre pour l'interpeler et lui demander de mettre en place un dialogue avec les acteurs concernés.

Ce que j'aimerais ajouter, c'est ceci. Je vois autour de moi des gens qui s'opposent les uns aux autres, qui vont jusqu'à dénoncer celles et ceux qui ne respectent pas les règles. A ceux-la, je dis, cette énergie que vous mettez à dénoncer, utilisez-la pour aider les autres. On a besoin de s'entre-aider, on a besoin de fraternité.

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