« L'affirmation de la paix est le plus grand des combats »    Jean Jaurès

Ouvrir une dynamique de négociation de paix

La décision de l'Allemagne de fournir et de soutenir la fourniture, par d'autres pays européens, d'engins blindés à l'armée ukrainienne n'est pas une bonne nouvelle ni pour les Ukrainiens frappés par la guerre lancée par V. Poutine, ni pour les Européens.

Il s'agit d'un pas supplémentaire, un pas gravissime, dans l'escalade militaire de cette guerre mondialisée dont l'impact n'épargne personne et qu'aucune armée ni coalition militaire ne gagnera.

Cette décision est la conséquence de l'abandon de tout processus diplomatique par les gouvernements occidentaux et de l'illusoire objectif d'une victoire militaire écrasante sur la Russie. Paradoxalement, elle galvanise un pouvoir et un état-major russes en délicatesse sur le plan intérieur du fait des revers subis sur le théâtre des opérations.

La livraison de chars européens participe activement à l'hyper-militarisation des relations internationales en cours depuis plus d'une dizaine d'années, à l'explosion des budgets militaires et ventes d'armes.

C'est un cap lourd de dangers qui a été franchi, et c'est bien la raison pour laquelle la porte-parole du Quai d'Orsay s'est vue contrainte d'infirmer officiellement, jeudi, que la France serait en guerre contre quiconque.

Beaucoup s'imagineront – souvent ceux qui n'ont jamais vécu l'expérience réelle de la guerre – que, face à l'inflexibilité du dirigeant russe, face à la violence de ses armées, la seule solution est militaire. Or cette guerre dont Poutine (et de nombreuses sources occidentales) assurait qu'elle serait rapide et que Kiev tomberait en quelques semaines est déjà un échec total pour la Russie. C'est donc maintenant qu'il est besoin non pas d'alimenter les combats et destructions mais d'arracher par des moyens politiques un cessez-le-feu, et d'ouvrir une dynamique de négociations de paix.

La France devrait agir dans cet objectif, et non dans une fuite en avant belliqueuse. Tous les jours, en Turquie, Russes et Ukrainiens se parlent – tout ne se joue donc pas sur les « champs de bataille » qui sont en réalité des villes peuplées dont les dégâts matériels prendront des décennies de reconstruction.

Ces tanks seront livrés sans que les garanties d'un contrôle politique complet soient données : dans quelles mains finiront ces chars quand autant de troupes mercenaires, d'un côté comme de l'autre, sont impliquées dans les combats ?

Cette étape intervient au moment où éclate en Ukraine, dont les élites corrompues, toujours actives, avaient su se faire oublier, un premier scandale de corruption impliquant le gouvernement de Volodymyr Zelensky et portant sur les approvisionnements de l'armée. À soi seul, cet épisode devrait faire réfléchir à deux fois les velléitaires occidentaux : la guerre est une voie sans issue.

 

*« Certains alliés sont déterminés à faire de l’objectif actuel de 2% (du PIB consacrés à la défense) un minimum » a récemment déclaré Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN ; et la loi de programmation militaire annoncée le 20 janvier par Emmanuel Macron vise une augmentation historique portant à 413 milliards d'euros le budget français des armées.

 

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