Au pays de Pasteur, l'industrie pharmaceutique aux abonnés absents du vaccin anti COVID

Voir l'intervention de Jean Noël Aqua au Conseil de Paris

Au pays de Pasteur, l’industrie pharmaceutique aux abonnés absents du vaccin anti-covid.

Masques, tests, vaccins, nos autorités ne maîtrisent rien, c’est le virus qui mène la danse, elles se contentent de suivre, c’est ce qu’on peut leur reprocher.

La France quasi absente de la recherche et développement d’un vaccin anti-Covid : accident industriel ? Hélas non. Depuis des années, l’industrie pharmaceutique française n’a développé aucun des médicaments...

contre le virus du Sida (plus d’une vingtaine l’ont été à ce jour), aucun contre le virus de l’Hépatite C. C’est le résultat de la désertion du domaine des maladies infectieuses par Sanofi pour cause de profit insuffisant, de la liquidation de pans entiers de la recherche pharmaceutique en France avec fermetures de laboratoires, plans de licenciement de chercheurs, ingénieurs, techniciens. Pourtant, Sanofi reçoit chaque année plus de 150 millions d’euros de fonds publics au titre du Crédit Impôts Recherche (CIR), avec, en plus, des centaines de millions d’Euros du gouvernement français pour développer un vaccin anti-Covid qu’on ne voit pas venir.

Et La recherche publique ? Massacrée. Le gouvernement a décidé de doter la nouvelle agence de recherche publique sur les maladies infectieuses de la somme misérable de 2 millions d’euros supplémentaires par rapport au budget déjà très insuffisant de l’ANRS* qui a été avalée par cette nouvelle agence. C’est la philosophie du « en même temps » macroniste, un cheval pour la recherche privée pourtant déficiente et une alouette pour la recherche publique.

Sanofi, Servier, Fabre etc…  Que fait la grande industrie pharmaceutique française pour participer au combat contre la pandémie Covid-19 ? Rien ou presque. D’ailleurs Sanofi vient d’annoncer la suppression de 400 chercheurs, en pleine pandémie! Aucune de ces entreprises n’est totalement mobilisée alors que tout le pays est en souffrance, que la pénurie de vaccins se profile dangereusement. Encore une fois nous dépendons totalement d’industries étrangères. L’institut Pasteur, associé à Merck, jette l’éponge et il n’y a pratiquement aucune chance que Sanofi parvienne à développer son vaccin. Alors que cette industrie a tout à fait la capacité technique et logistique de produire rapidement sous licence les vaccins anti-covid qui nous manquent cruellement, le Président et le gouvernement laissent filer le temps plutôt que d’affronter ces grands groupes ultra bénéficiaires. C’est pourtant une question de vie ou de mort pour des dizaines de milliers de compatriotes.

Mais prétendent-ils, les brevets empêcheraient les autres industriels de la pharmacie de produire? Non. Pour les vaccins à ARN messager qui ont été développés à une vitesse incroyable, ce qui a été décisif, c’est la séquence du virus qui est reproduite dans ces ARN. Or cette séquence a été élucidée par les chercheurs chinois en quelques jours seulement après la survenue de la pandémie, exploit scientifique. Les chercheurs chinois - et c’est tout à leur honneur car ils auraient pu le faire - n’ont pas voulu breveter cette séquence du Coronavirus-SARS-Cov-2 responsable de la pandémie Covid-19. Ce qui signifie que les brevets sur les vaccins ne peuvent se prévaloir de propriété sur l’élément essentiel que constitue la séquence de la protéine spike du virus SARS-Cov-2 responsable de la Covid-19. La technologie ARN messager a été développée dans des laboratoires académiques il y a plus de 20 ans. Et pour l’encapsulation des ARN dans des nanoparticules lipidiques (technologie appelée LNP), les brevets plus anciens peuvent être acquis par licence. Dans ce domaine scientifique et technologique, le savoir-faire est largement partagé et cette situation ne peut que faciliter des négociations de licence avec Pfizer, BioNTech ou Moderna.

Qu’attend le gouvernement français pour passer aux actes ?

Dans sa résolution du 27 janvier 2021, le Conseil de l'Europe appelle à faire des vaccins contre la Covid19 un bien public mondial, rejoignant en cela les recommandations de l'OMS.

L'Assemblée a également adopté un amendement du groupe de la Gauche Unitaire Européenne (auquel le PCF est associé) demandant « de surmonter les obstacles et les restrictions découlant des brevets et des droits de propriété intellectuelle, afin d'assurer la production et la distribution à grande échelle de vaccins dans tous les pays et pour tous les citoyens ».

En conclusion, si nous voulons vraiment vaincre cette pandémie et donc accélérer la campagne de vaccination, il faut que le peuple s’en mêle et exige du gouvernement et du Président Macron la mobilisation urgente de l’industrie pharmaceutique française pour produire les vaccins disponibles. En second lieu, tirons les leçons de la dramatique situation actuelle et pour faire face aux futurs défis de santé publique, exigeons la création d’un pôle public du médicament et des vaccins, qui mette la priorité sur la santé publique et non sur le profit et la distribution de dividendes.

 * Agence Nationale de Recherches sur le SIDA et les hépatites virales

 

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