Le président américain triomphe en chef incontesté de l’Alliance atlantique au sommet de La Haye où ses membres européens se soumettent à toutes ses exigences en acceptant une hausse historique de leurs dépenses militaires pour les porter à 5 % de leur PIB.
« Les dépenses militaires des pays de l’UE sont déjà très supérieures à celles de la Russie », rétorquent les ONG européennes, dont le Mouvement de la paix français qui participait, ce week-end, à un contre-sommet pacifiste à La Haye. Toutes dénoncent « une très dangereuse fuite en avant » belliciste.
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L’atlantisme nouveau sera trumpien. Et il va rapidement monter en cadence : les États membres de l’Alliance atlantique (Otan) se sont accordés sur une hausse de leurs dépenses militaires pour les porter à 5 % de leur produit intérieur brut (PIB). Soit + 3,5 % de dépenses purement militaires et + 1,5 % d’investissements civils qui leur seront liés.
La venue du président états-unien à La Haye, ces mardi 24 et mercredi 25 juin au sommet de l’organisation a pu ainsi ressembler à une marche comme il les aime : triomphale. Le Néerlandais Mark Rutte, chef de l’Alliance, avait annoncé la couleur avant même son arrivée : « L’Europe va payer un prix ÉNORME pour sa défense », lui avait-il écrit en lettres capitales avant de conclure : « Et ce sera votre victoire. »
Quand l’Europe s’aligne sur les diktats de Washington
Au moment même où l’ONU est contrainte de réduire considérablement la voilure de ses politiques multilatérales, l’Europe otanienne décide de se plier aux exigences du locataire de la Maison-Blanche. Celles-là mêmes qui apparaissaient hallucinantes, il y a encore quelques mois.
Ce qui a conduit les chefs d’État français et allemand, Emmanuel Macron et Friedrich Merz, à une pénible mise au point, avant le démarrage effectif du sommet, pour prétendre en chœur que la hausse vertigineuse des dépenses militaires ne « répond pas à une demande » (de Trump) mais bien à un besoin « face à la menace russe ».
« Les dépenses militaires des pays de l’UE sont déjà très supérieures à celles de la Russie », rétorquent les ONG européennes, dont le Mouvement de la paix français qui participait, ce week-end, à un contre-sommet pacifiste à La Haye. Toutes dénoncent « une très dangereuse fuite en avant » belliciste.
À Berlin, le chancelier Merz a invoqué un sommet « historique » devant le Bundestag allemand. « L’Allemagne doit devenir le meilleur élève de la classe otanienne en matière de réarmement », a-t-il lancé en s’appuyant sur des éléments de langage rabâchés d’un bout à l’autre du continent pour justifier la course aux armements.
L’Espagne en appelle à une autre sécurité en Europe
De quoi inquiéter au plus haut point la députée et porte-parole de Die Linke sur les questions internationales, Cansu Ozdemir. Quant à la volonté de Merz de faire de l’armée fédérale allemande la plus puissante du continent, la parlementaire la qualifie de « dangereux délire ».
« Au même moment, des dépenses élémentaires pour le « Bürger Geld » (l’argent citoyen équivalent du RMI français – NDLR), ou pour le fonctionnement des communes sont réduites », déclare-t-elle à l’Humanité. Le « manifeste » pour une autre politique de sécurité européenne publié par plusieurs hauts dirigeants du SPD, qui s’opposent au déploiement des missiles états-uniens à longue portée Tomahawk sur le territoire allemand en 2026, tel que déjà décidé par l’Otan, comme le refus d’une « hausse irrationnelle et ravageuse » des dépenses de mort que tente, seul, de formuler le Premier ministre du gouvernement de gauche espagnol, sont un signe d’encouragement « à reconstituer un mouvement de la paix digne de ce nom, tant au niveau allemand qu’européen », pointe Cansu Ozdemir.
L’avionneur Lockheed Martin, qui inonde l’Allemagne et l’Europe de F-35, ces chasseurs bombardiers furtifs dernier cri, est à la fête. Et Trump peut d’autant mieux plastronner que l’effort de guerre réclamé aux Européens a commencé à se traduire par un bond des exportations de matériel états-unien. Au grand dam d’Emmanuel Macron et du pôle militaro-industriel français qui ont misé beaucoup sur ladite Europe de la défense.
Bruno Odent
